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Les grandes maisons de disques cherchent-elles à limiter la concurrence dans la musique en streaming par internet ? Les autorités américaines ont dit mercredi surveiller ce marché en plein essor, quelques jours après l’annonce d’une nouvelle offre d’Apple. Un porte-parole du ministre de la Justice de l’Etat de New York Eric Schneiderman a confirmé qu’une enquête était en cours sur la musique en streaming, en direct, en ligne et sans téléchargement préalable, «un secteur où la concurrence a récemment créé pour les consommateurs des manières nouvelles et différentes d’écouter de la musique». «Pour préserver ces bénéfices, il est important de garantir que le marché continue de se développer sans entente et autres pratiques anticoncurrentielles», a ajouté ce porte-parole, Matt Mittenthal. L’enquête, à laquelle s’est joint l’Etat voisin du Connecticut, n’a pas pour l’instant prouvé de comportement répréhensible, selon un responsable. Elle est centrée «sur la question de savoir si des acteurs de l’industrie musicale cherchent à agir de manière collusoire pour restreindre la concurrence entre les services de musique en streaming», a détaillé dans une lettre D. Bruce Hoffman, un avocat d’Universal Music Group (groupe Vivendi), la plus grande des trois majors mondiales du disque. Il s’agit d’identifier en particulier s’ils s’entendent pour supprimer la possibilité pour les consommateurs d’avoir des services de streaming de musique à la demande gratuits, financés par la publicité, comme ceux proposés par Spotify et YouTube« (filiale du géant internet Google), souligne-t-il dans cette lettre, rendue publique par les services de M. Schneiderman. L’avocat dément qu’Universal ait conclu des accords avec ses deux grandes rivales Sony Music et Warner Music, ou avec Apple, en vue d’entraver les services de streaming gratuits ou d’arrêter d’accorder des licences de diffusion à des sociétés e particulier. La lettre précise toutefois qu’Universal se réserve le droit de fournir des exclusivités à des services de streaming. “A ce stade, nous sommes satisfaits qu’Universal n’a pas en place – ou en préparation- des accords anti-concurrentiels pour retirer des titres musicaux des services de streaming gratuit”, a commenté dans un communiqué George Jepsen, le ministre de la Justice du Connecticut. “Nous continuerons à surveiller que le marché assure la protection des consommateurs et de la concurrence”, a-t-il ajouté. Lors de l’annonce d’Apple Music lundi, la marque à la pomme n’avait pas donné de détail sur ses contrats avec les maisons de disques. Plusieurs médias ont toutefois fait état de difficiles négociations de dernière minute. Plusieurs hauts responsables de l’industrie musicale et des artistes, à commencer par la chanteuse américaine Taylor Swift qui a retiré ses titres de Spotify, critiquent l’offre gratuite du service suédois, actuellement numéro un mondial du streaming de musique à la demande, jugeant qu’elle ne rémunère pas assez leur travail. Spotify, qui dispose aussi d’une offre payante sans publicité, dit pour sa part avoir reversé aux maisons de disques quelque 3 milliards de dollars de royalties depuis son lancement en 2008, dont 300 millions au premier trimestre 2015, semblant indiquer que ses paiements accélèrent en même temps que sa croissance. Le groupe suédois a ainsi révélé mercredi que le nombre de ses utilisateurs avait presque doublé en un an pour atteindre actuellement 75 millions, dont 20 millions d’abonnés payants. Signe de l’intérêt qu’il suscite, il est désormais évalué à plus de 8 milliards de dollars. Spotify, pas coté en Bourse, a jusqu’ici fait état de pertes annuelles. Le pari de l’entreprise, et de ses investisseurs, est que les efforts et la croissance actuelle paieront sur le long terme. Ces espoirs lui valent aussi un nombre croissant de concurrents, parmi lesquels le français Deezer ou les américains Rhapsody, Google Play ou Tidal (soutenu par la star du rap Jay Z). Le démarrage d’Apple Music a pour sa part été annoncé pour le 30 juin. Copyright cabinetsavocats.com |
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