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Le syndrome touche les mères trop exigeantes avec elles-mêmes, au travail et à la maison. A force de vouloir tout concilier, elles s'écroulent.
Tristesse, fatigue, anxiété, irritabilité… Et puis, un jour, des mots violents qu’on n’aurait jamais pensé dire à son enfant. Une gifle ou une fessée qui partent sans qu’on ait pu les retenir. Ce genre de passage à vide, nombreux sont les mères à l’avoir vécu. Mais lorsqu’il dure, lorsqu’aucune issue ne semble se profiler, le petit surmenage se transforme en véritable burn-out. Ni baby-blues, ni dépression du post-partum, cet épuisement-là peut survenir n’importe quand. Dès la naissance, ou bien plus tard. Pour certaines dès le premier enfant, pour d’autres au bout du troisième. Mais surtout, il est tabou. Comment avouer qu’on puisse penser, même un quart de seconde, jeter son enfant par la fenêtre ? Vouloir faire ses bagages et s’enfuir le plus loin possible ? Pourtant, accepter de pouvoir craquer, et de ne pas être la mère parfaite de nos fantasmes, est le seul moyen de surmonter cette crise que toute femme peut traverser un jour.
Maîtrise de notre désir d’enfant, accouchement sans douleur, accomplissement personnel… Le message véhiculé par la société actuelle est sans appel : la maternité, c’est le bonheur. « Aujourd’hui, souligne Maryse Vaillant, psychologue, la working girl n’est plus le modèle ambiant. Les espérances féminines au niveau de l’emploi reculent (les femmes n’ont toujours ni les responsabilités, ni les salaires des hommes), et c’est pourquoi l’idée que la maternité est le seul domaine dans lequel nous pouvons nous accomplir pleinement, sans la moindre qualification, est revenue. » Avec un enjeu fort : celui de la perfection, puisque la nécessité de réussir s’est replacée de la sphère professionnelle à la sphère familiale. Ainsi, poussées par la société, et par des normes personnelles d’une grande exigence, les femmes s’efforcent à vouloir être des mères parfaites.
Persuadées que l’arrivée d’un enfant dans leur vie va venir combler leurs désirs de bonheur et de réussite, nombreuses sont celles qui se jettent tête baissée dans l’aventure, sans savoir ce qui les attend vraiment. D’autant, selon Maryse Vaillant, que nous serions moins bien préparées à devenir mères que nous l’étions hier. « La génération féministe, dont je fais partie, explique la psychologue, a rompu la transmission de la maternité. Autrefois, les mères disaient à leurs filles : tu enfanteras dans la douleur, tu seras soumise à un mari, pour le coït, comme pour les finances, tu n’auras pas la liberté de choisir etc. Alors qu’aujourd’hui, ce qui était hier une malédiction est devenu une bénédiction, et surtout, un choix : on fait un bébé quand nous le voulons, avec qui nous le voulons. Sauf qu’en route, nous avons oublié de dire aux femmes qu’être mère, c’était tout de même difficile. »
Source: psychologies.com
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