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Le député Denis Baupin (ex-EELV) est accusé de harcèlement sexuel par huit femmes, qui ont témoigné sur France Inter et Mediapart, et le parquet a ouvert une enquête. De son côté, il a déposé une plainte pour diffamation. Alors que l'affaire fait scandale au point que l'élu a dû démissionner de son poste de vice-président de l'Assemblée nationale, les hommes et les femmes ne semblent pas réagir de la même manière. Comment réagissent-ils respectivement ? Peggy Sastre : La question des différences entre hommes et femmes de ressenti et de perception des violences sexuelles relève en effet d'un phénomène connu, étudié et mesuré. En moyenne, les hommes "émetteurs" n'ont pas conscience que leurs agissements, qu'ils évaluent comme de la drague ou de l'humour, puissent être considérés comme hostiles, malsains ou encore oppressants par les femmes qui en sont "récipiendaires". Et réciproquement : les femmes harcelées ont beaucoup de mal à concevoir que leurs agresseurs n'avaient, sincèrement, pas l'impression d'être malveillants. Si je me fonde sur les études que j'ai pu consulter sur le sujet, ce fossé subjectif est un cas particulier du rapport tendanciellement différencié des deux sexes aux violences : en général, les hommes minimisent et les femmes dramatisent, mais ce sont les femmes qui sont, en termes absolus, bien plus proches de la réalité objective. Les choses se compliquent encore davantage quand on demande l'avis des gens "externes" au problème (ceux qui ne sont ni victimes, ni accusés de harcèlement). Pour certains, afin de réduire au maximum les risques, il faudrait tout simplement bannir les relations amoureuses et sexuelles consensuelles sur le lieu de travail. D'autres trouvent que ce genre de réglementation est trop extrême, d'autres encore l'estiment légitime seulement pour les relations hiérarchiquement dissymétriques – alors que la plupart des cas de harcèlement, contrairement aux idées reçues, concernent un harceleur de niveau hiérarchique équivalent, voire inférieur, à sa victime. Il y a aussi la question de l'ambiance de travail : doit-on s'interdire et interdire de faire des blagues que certaines sensibilités pourraient considérer comme salaces et/ou oppressives, alors qu'un nombre significatif de travailleurs, des deux sexes, ne les considèrent pas intrinsèquement et automatiquement nuisibles, voire peuvent les estimer utiles à détendre l'atmosphère de travail ? Copyright cabinetsavocats.com |
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