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Quelques indices permettent aux enquêteurs d'établir que la marchandise, en provenance des Pays-Bas, est destinée à être revendue dans la région lyonnaise et du côté d'Orléans. Les enquêteurs de la brigade des stupéfiants de la police judiciaire de Lyon se voit confier l'enquête, qui va leur permettre de « tarir une belle source ». Au terme d'un an d'enquête, ils viennent de démanteler un trafic basé à Villefranche-sur-Saône et Valence, et qui écoulait d'importantes quantités d'héroïne et de cocaïne dans toute la région Rhône-Alpes. A la clef, une saisie record : 85 kilos d'héroïne et 9 de cocaïne, pour une valeur de plusieurs millions d'euros à la revente... Au départ, l'enquête n'est pas simple, car les trafiquants sont organisés et prudents. Ils « importent » la drogue en convoi go fast : une première voiture ouvre la route à un deuxième véhicule « porteur », c'est à dire chargé de drogue, à près de 200 km/h de moyenne sur l'autoroute. Précaution supplémentaire : les voitures porteuses sont achetées en Allemagne, avant de faire le voyage aux Pays-Bas, puis de revenir chargées vers Lyon. « Cette astuce nous a donné du fil à retordre, explique Claude Catto, patron de la direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Lyon, car ils étaient plus difficiles à repérer » Les trafiquants effectuent douze allers-retours vers les Pays-Bas sans problème. Le treizième ne va pas leur porter chance. Le 1er février, une puissante BMW est repérée, grâce à un tuyau de la police allemande, près de la frontière belge. Elle est aussitôt filochée à distance, pour ne pas éveiller les soupçons du conducteur. Un dispositif d'interception du convoi est mis en place au péage de Courcy, sur l'A 26, au nord de Reims. L'interception d'un go fast sur autoroute est très rare, en raison du danger de l'opération. « Sur cette affaire, c'était le seul moyen de les interpeller », explique Claude Catto. La voiture ouvreuse se présente au péage. Les policiers restent planqués. Deux ou trois minutes après arrive la voiture porteuse. Des herses ont été disposées au sol pour la bloquer. La voiture est cernée, mais elle force le péage. Les pneus crevés, le conducteur poursuit sa course, quinze voitures de police aux trousses. La folle cavale se termine une vingtaine de kilomètres plus loin, dans le centre ville de Reims. L'un des deux occupants est arrêté, l'autre réussit à s'enfuir. Il sera interpellé quelques heures plus tard en région parisienne. Dans le coffre de la BM, les policiers découvrent les 85 kilos d'héroïne et les neuf kilos de cocaïne, emmaillotés dans du film plastique dans une valise. Au total, une quinzaine de personnes sont ensuite interpellées, dont les deux commanditaires, originaires de Villefranche-sur-Saône et Valence. Le fournisseur, un Marocain installé à Rotterdam, a également été arrêté et devrait bientôt être extradé vers la France. Les trafiquants, dont quatre ont été écroués, sont âgés de 25 ans en moyenne et n'affichaient pas un niveau de vie très dispendieux. Certains touchaient même le RMI. Ils n'étaient connus de la police que pour des petits trafics. « Là, ils ont clairement passé la vitesse supérieure » constate un enquêteur. Alexis DE LA FONTAINE Saisies de la DIPJ de Lyon en 2008 (données DIPJ) : - 5,975 tonnes de cannabis - 216 kilos de cocaïne - 121 kilos d'héroïne - 78 kilos de produits de coupage libelyon.fr Copyright cabinetsavocats.com |
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